Lorsqu’on m’a dit que Céline Estelle me recevrait dans une tour médiévale du XIIème siècle, nichée dans le Bourbonnais, je ne m’attendais pas à la trouver… perchée sur une échelle, la rousseur flamboyante, cueillant des figues dans un immense figuier comme seule la Provence sait les faire ! Une vision à la fois pittoresque et mystique, parfaitement à l’image de cette romancière spirituelle au caractère fort. Céline m’accueille avec un sourire radieux, directe comme toujours, un saladier rempli de figues dans les bras. « Je les prépare pour le dessert ! », lance-t-elle en descendant avec l’aisance de quelqu’un qui a l’habitude de vivre entre ciel et terre. Quand on la questionne sur son caractère légendaire et sa facilité à communiquer (la jeune femme a été reporter-photographe pendant douze ans, au service de magazine nationaux et même étrangers, avant de reprendre des études de psycho pour devenir thérapeute), elle répond : « Si j’ai l’esprit dans le monde subtil et que je suis ouverte à l’invisible, aux émotions comme aux signes, c’est vrai que j’ai tendance à cadrer et à recadrer les gens. Pour ça je suis très terre à terre ! Déformation professionnelle oblige ! ». Céline Estelle, éditée jeune dans des petites maisons d’édition indépendantes, ne se considère pas comme écrivaine à proprement parler : « Tellement de gens ont besoin d’un statut, d’une étiquette pour se sentir heureux et accomplis… Dieu merci, le harcèlement scolaire m’a appris très tôt à m’épanouir sans rien du tout. C’est ça la vraie liberté, vous ne trouvez pas ? J’écris car je suis réceptive à tout ce qui passe, j’exprime. Mais en général, en France, on n’aime pas trop la différence ni les casquettes multiples…» 

L’été Gigi : un roman estival aux émotions profondes

Une fois installés dans l’atmosphère paisible de la tour, Céline me parle de son dernier roman, L’été Gigi, un livre qui, sous ses airs de chronique estivale, plonge au cœur des émotions adolescentes avec une rare profondeur. Dans un petit village viticole, trois jeunes âmes s’entrelacent : Gigi, une Parisienne au look rockabilly et au charisme envoûtant ; Tristan, un rebelle captivé par Joy Division et par l’idée de fuir sa vie toute tracée ; et Emma, une pré-ado discrète qui observe avec admiration ce duo énergique et insaisissable.

Entre nostalgie des années 90 et exploration des émotions adolescentes

L’alchimie entre eux est immédiate, oscillant entre amitié et désir. Le roman respire la nostalgie des années 90, avec ses nuits d’été où les étoiles semblent veiller sur des promesses éternelles. Mais sous la chaleur douce des soirées et des corps qui s’éveillent, Céline interroge aussi les choix qui façonnent nos vies et la complexité des premiers amours. « Vous souvenez-vous de ce moment, à l’adolescence, où tout paraît possible mais terriblement incertain ? » me demande-t-elle, comme si elle cherchait à réveiller un souvenir enfoui chez chacun de ses lecteurs.

L’été Gigi : une réflexion sur les cicatrices et la résilience

L’été Gigi ne se limite pas à raconter une histoire d’amitié et d’amour adolescent. C’est une réflexion subtile sur les blessures que l’on cache, et sur la manière dont elles finissent par nous renforcer. Céline raconte avec finesse ce moment fragile où tout bascule, où chaque décision devient un point de non-retour. « Et si nos cicatrices étaient nos plus grandes forces ? » s’interroge-t-elle, avec cette philosophie spirituelle qui teinte chacun de ses ouvrages.

À la fois léger et psychologiquement introspectif, L’été Gigi, nous ramène à une époque où les rires d’été cachaient des désirs secrets, où l’insouciance se mêlait à la peur de grandir, bien loin des smartphones et des réseaux où règne l’instantanéité… Et Céline, à travers son écriture, nous invite à replonger dans cette période charnière, tout en nous faisant réfléchir à la manière dont ces moments nous façonnent pour la vie.

 

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